Combien d'ours dans les Pyrénées?

Combien d'ours dans les Pyrénées?

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Combien d'ours en France?

Si vous descendez dans les bois aujourd'hui... dans l'Ariège, vous pourriez avoir une grosse surprise. Des ours bruns pour être précis. Et si l'on peut penser qu'il est normal d'avoir des ours qui se promènent dans les montagnes comme dans de nombreux autres endroits du monde, dans les Pyrénées, cela suscite la controverse.

Selon les données du réseau Ours Brun de l'Office français de la biodiversité (OFB), on comptait en 2020 au moins 64 spécimens dans les Pyrénées françaises et espagnoles, dont trois dans les Pyrénées occidentales, 59 dans les Pyrénées centrales et deux mâles évoluant entre les deux régions.

Il est difficile de déterminer quand les Pyrénées ont commencé à être associées aux ours. En fait, si l'on en croit la mythologie classique, le nom même de la chaîne de montagnes est né d'un lien avec l'ours.

Si vous aussi vous souhaitez introduire un ours dans votre maison, le meilleur moyen est de s'offrir un ours en peluche, mieux vaut ne pas prendre de risque avec un vrai ours.

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L'histoire des ours en France

Selon la légende, une belle princesse appelée Pyrène vivait près de la longue étendue de sommets qui sépare la France de l'Espagne. Il existe de nombreuses versions de son histoire, mais toutes sont macabres. Toutes se terminent par sa fuite dans les montagnes, où elle est rapidement attaquée et dévorée par des ours. Affolé par sa mort prématurée, Hercule nomma la chaîne en son honneur, cimentant ainsi le lien entre la région et les ours bruns qui la peuplent.

Au cours des siècles qui ont suivi, les habitants de cette région étonnante ont développé une relation contradictoire avec les bêtes qui parcouraient les forêts de montagne. À la fois aimés et méprisés, les ours sont devenus des symboles de terreur et d'affection. Ils étaient chassés pour leur peau. Ils sont capturés lorsqu'ils sont encore des oursons, leur mère étant souvent tuée au cours du processus, et sont entraînés à la performance. Et ils étaient abattus pour le sport. Mais ils étaient également utilisés pour promouvoir des marchandises, comme le Camembert de l'Ours à Oust. Et lorsque la séparation de l'Église et de l'État a été officialisée en 1905, les villageois d'Ercé n'ont pas hésité à faire appel à des ours pour les aider à protester devant l'église locale.

Au fil des ans, le territoire disponible pour les ours s'est réduit à mesure que l'activité humaine s'étendait. Des routes traversent désormais des vallées qui étaient autrefois des habitats parfaits. Des mines sont apparues dans des endroits reculés qui offraient autrefois le sanctuaire nécessaire à l'élevage des jeunes oursons. Et l'homme a continué à chasser. En conséquence, le nombre d'ours dans la région, et en particulier dans l'Ariège, a chuté de façon spectaculaire.

En 1996, un programme de réintroduction a donc été lancé, visant à soutenir la population en déclin, et l'héritage du conflit entre l'homme et ces créatures majestueuses est entré dans une autre ère.

Le programme s'est immédiatement heurté à une résistance. Les agriculteurs et les bergers de toutes les Pyrénées, mais surtout de l'Ariège, où les pâturages d'altitude fournissent de luxuriants pâturages d'été au bétail, dénoncent les plans et le manque de consultation qui y a conduit. Considérant le projet comme une énième imposition de bureaucrates parisiens qui ne connaissent rien à la vie en montagne, ils ont affirmé que l'augmentation du nombre d'ours constituerait une menace directe pour leurs moyens de subsistance : davantage d'attaques sur les moutons, nécessité de surveiller les troupeaux de plus près, changement de la façon dont ils ont l'habitude de travailler. Pour ne rien arranger, les trois ours qui ont été relâchés dans les forêts pyrénéennes en 1996 n'étaient même pas français ! Ils étaient slovènes.

Les partisans de la réintroduction ont écarté ces craintes. Un généreux programme d'indemnisation a été mis en place, permettant de payer pour un mouton tué par un ours autant que ce qu'un éleveur peut obtenir sur le marché libre. Le gouvernement a offert des subventions à ceux qui souhaitaient investir dans une meilleure protection, comme des clôtures électriques ou un Patou, un chien de montagne des Pyrénées, une race dressée pour protéger les troupeaux de moutons. De l'argent est même débloqué pour payer les bergers pendant la saison estivale.

Mais ce n'était pas suffisant. La procédure de demande d'indemnisation est jugée trop lourde et les clôtures électriques ne sont d'aucune utilité pour un berger sur les hauts pâturages où les troupeaux ont besoin de gambader. Quant aux statistiques des années suivantes qui montraient que moins d'un pour cent des décès de bétail étaient causés par des ours en Ariège, elles n'avaient guère de sens pour un éleveur qui avait perdu vingt moutons en une seule attaque, soit un pourcentage bien plus important de l'ensemble de son cheptel. Ces inquiétudes ont été relayées par certains acteurs du secteur du tourisme qui ont affirmé que la présence d'ours dans les bois dissuadait les visiteurs de venir dans la région.

Dans ce contexte explosif, un an après la diffusion du film, l'une des femelles, Mellba, est abattue par un chasseur qui affirme qu'il s'agit d'un acte de légitime défense, car elle s'est interposée entre elle et ses deux petits. Les protestations se multiplient. Le slogan "Non aux ours" commence à apparaître sur les murs et sur les routes, et des manifestations sont organisées à Foix pour demander ouvertement l'abattage des ours.

Peut-être que si on avait eu le temps, les choses se seraient calmées. Mais en 2004, la dernière des femelles pyrénéennes, Canelle, a été abattue par un autre chasseur. Les passions se déchaînent de part et d'autre et sont attisées par l'apparition d'un projet d'introduction d'un nouveau lot d'ours dans les montagnes. Cette fois, il y en aura cinq, dont certains seront lâchés dans l'Ariège.

Au printemps 2006, le village d'Arbas, juste au-dessus de la frontière ariégeoise, a accepté d'être le site de la libération. Le maire François Arcangeli avait été prévenu qu'il pourrait y avoir quelques protestations. Mais personne n'était préparé à la foule de personnes en colère qui s'est abattue sur le village de montagne. Ils se sont rassemblés par centaines devant l'hôtel de ville et ont détruit tout ce qu'ils pouvaient. Ils ont allumé des feux, jeté de la peinture rouge et du sang sur les murs et crié des menaces de mort à Arcangeli. Il a fallu quatre-vingts gendarmes pour rétablir l'ordre.


Inutile de dire que le gouvernement a rapidement revu sa politique de lâcher de quinze ours au cours des trois prochaines années. Au lieu de cela, il décide d'arrêter le programme afin de surveiller la population, qui compte désormais entre vingt et trente ours, et de laisser la nature suivre son cours.

L'impasse. Selon les scientifiques, sans l'introduction de nouveaux ours, la population actuelle n'est pas viable. Mais le gouvernement français a déclaré qu'il mettait en veilleuse le programme de réintroduction et qu'il ne "compléterait" les effectifs que lorsqu'un ours mourrait ou serait tué. Cette décision a incité David Chetrit, auteur de La réintroduction de l'ours : L'histoire d'une manipulation, à se demander si, avec la mort de la dernière femelle autochtone, l'idéal initial de préservation de l'ours des Pyrénées n'a pas été perdu. On peut aussi se demander si, en l'état actuel des choses, les Pyrénées ne sont pas devenues un zoo à ours, géré artificiellement depuis Paris.

Quelle que soit la position que l'on adopte sur cette question qui divise profondément, une chose est claire : il y a bel et bien des ours dans les bois. Mais ne vous attendez pas à trouver une Ariégeoise qui partage un pique-nique avec eux.

Reproduction de l'ours et naissances en 2020

Au moins 9 portées, cumulant au total un minimum de 16 oursons, ont été détectées en 2020 :

  • Une portée de l’ourse Plume : 1 ourson, détecté le 18 mai pour la première fois sur la commune de BordesUchentein (09). Le sexe et le père reste indéterminés.
  • Une portée de l’ourse Aran : 2 oursons, un mâle et une femelle, repérés dans le Val d’Aran. Leur père est Néré.
  • Une portée de l’ourse Caramellita : 3 oursons ont été observés le 25 mai 2020, à plus d’un kilomètre de distance, sur la commune d’Ustou (09). Leur père est Pépite. Malheureusement elle est observée seule en juillet et septembre en Catalogne. Les 3 oursons sont considérés comme disparus.
  • Une portée de l’ourse Nheu : 1 ourson mâle dont le père est Pépite. La mère et son fils ont été identifiés à 11 reprises entre le 17 juin et la fin novembre 2020 sur les communes situées entre Bonac Irazein (09) et Melles (31)
  • Une portée de l’ourse Callisto : 1 ourson mâle dont le père est Boet. Il est à noter qu’il s’agit de la première portée observée de l’ourse Callisto née en 2011
  • Une portée de l’ourse Bambou : 2 oursons dont au moins 1 est un mâle, fils de Néré. Il s’agit du 3ème ourson de l’année détecté en 2020 dont le père est Néré. Ce génotype est le premier issu de 2 ours nés dans les Pyrénées, qui n’a aucun lien de parenté avec l’ours Pyros,
    depuis la naissance de Cannellito en 2004.
  • Une portée de l’ourse Gaia : 2 oursons sont deux femelles dont le père est Boet. La mère et ses oursonnes a été détectée à plusieurs reprises, dès le 29 juillet, entre les communes de Sentein (09) et de Melles (31)
  • Une portée de l’ourse Châtaigne : 3 oursons, détectés dans un premier temps le 23 juin, sur la commune de Melles (31). Le 04 août, la mère est de nouveau filmée mais seulement suitée de 2 oursons. Son troisième ourson est considéré comme disparu.
  • Une portée de l’ourse Fosca : 1 ourson femelle dont le père est Blizzard. La mère et son oursonne on été identifiées de part et d’autre de la frontière franco espagnole. En France, la portée est identifiée entre les communes d’Auzat (09) et Le Port (09). C’est la première descendance observée de cette femelle née en 2015 et de ce mâle né en 2016. Blizzard est le 4ème mâle à s’être accouplé à l’âge de 3,5 ans, ce qui est très jeune chez l’Ours brun.

population ours

Des programmes pour favoriser la réintroduction et la cohabitation avec l'ours

Le gouvernement français s’est engagé à remplacer tout ours tué de la main de l’homme par des réintroductions, tandis que des éleveurs s’y opposent fermement. Pour tenter de trouver des compromis en préservant les ours tout en aidant les éleveurs à protéger leurs troupeaux des attaques d'ursidés, un plan Ours 2018-2028 a été lancé.

L’État français est également engagé dans le programme européen de conservation et de cohabitation "Life Ours Pyr", doté d'un budget de huit milliards de dollars mais dont l'application a été repoussée à 2022. Selon ce programme, L'État français est légalement tenu par l'Europe de poursuivre la réintroduction de cette espèce protégée dans le massif. Le préfet de région Occitanie assure quant à lui que les contours de la mise en œuvre de "Life Ours Pyr" seront débattues début décembre.



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